Ce sont d’abord six plaques posées au sol qui, d’emblée, obligent à laisser sur le seuil les réflexes habituels adoptés face aux photographies. Nimbées d’un poudroiement couleur sable, l’effet granulé n’est plus seulement une impression de surface : tout autour, la matière même qui les compose contamine le sol et contamine l’espace par petit tas. Des tas de poussière, car c’en est, récoltée par l’artiste dans le lieu où les photographies, imprimées sur chacune des plaques, ont été prises. A propos de Cartouche, l’artiste parle de « bas-relief photographiques ». Ceux-ci ont été obtenus par contact, engendrant alors quelque chose comme un photogramme primordial d’un espace quotidien sans qualité : une cave. La série constitue une bonne porte d’entrée à une démarche où le processus prime sur le résultat. Ici, il sera question du corps de la photographie, et de sa réception haptique. A l’instar d’une série de photographies de grilles où la réduction propulse la surface dans un mouvement de « push and pull » ou encore les jeux sur le processus de tirage lui-même, révélant l’image d’un espace-temps comparable à celui d’une expérience en laboratoire. Par une porte dérobée, car beaucoup, chez Jean-Baptiste Monteil, se rapporte aux seuils, l’artiste esquive le dilemme postmoderne du réel et du simulacre. L’image ne ment pas : seulement, la considérer unique, simple reproduction du réel, c’est passer à côté de ses multiples facettes. Son envers, notamment, comme celui que capture Gran Turismo, photographiant l’envers des panneaux d’information des sites touristiques australiens.

Ingrid Luquet-Gad